ou comment évacuer le débat démocratique
A la lecture du journal gratuit Métro, l’élection municipale à Paris se résume à une confrontation politique entre quatre partis : UMP, Modem, PS et Verts. Dernier volet de leur série « les enjeux de la campagne électorale, arrondissement par arrondissement », le 20ème arrondissement n’a pas échappé à la règle.L’article paru ce matin fait la part belle et exclusive à quatre candidats sur l’unique critère que chacun d’entre eux est issu d’un parti politique. Non content de ne donner la parole qu’à ces candidats labellisés, l’article ne porte aucunement mention de l’existence d’autres listes, d’autres visions, d’autres points de vue, d’autres propositions.
C’est ainsi que les 8 autres listes enregistrées à la préfecture sont passées à la trappe. Parmi ces « oubliées » figure la propre liste du maire sortant, dont l’importance politique est par la force de chose difficilement négligeable. Je ne tiens pas particulièrement à défendre la visibilité politique de Michel Charzat, qui sait trouver par ailleurs d’autres relais d’information tout aussi influent, mais je souligne cette absence comme un symbole de la manière dont le système médiatique maltraite et dénature la démocratie.
Paris ne serait qu’un gros gâteau à partager entre de gourmands appareils politiques qui ont l’avantage d’avoir pour eux l’oreille (et la plume) des médias. La vie politique se confondrait-elle avec la vie des partis politiques ? Un candidat ne serait-il légitime que s’il est estampillé d’un sigle ou d’une couleur ?
Cette vision est d’autant plus brutale et caricaturale que ce droit à l’expression est accordé à quatre sensibilités politiques dont les points communs semblent plus évidents que les points de divergence. Quatre partis qui se sont prononcés en faveur du Traité européen, qui ont accepté la domination du libéralisme et du tout-économie dans les rapports sociaux, quatre partis habitués à se partager le pouvoir par des coalitions de circonstance et de multiples renoncement à leurs propres engagements.
Ce constat réitéré d’une démocratie bafouée ne donne finalement que plus de raison d’être à la liste Gauche Alternative. Pour beaucoup d’entre nous, c’est le refus du jeu partisan des appareils politiques qui nous a conduit à constituer une liste réellement représentative de la diversité politique et militante de gauche. Les citoyens et les citoyennes méritent mieux qu’une vision étriquée et bicéphale de la démocratie. Mieux que l’alternance, c’est l’alternative politique dont la démocratie a besoin.
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